Le nombre de Rmistes explose malgré les radiations et l’emploi forcé ...

lundi 12 décembre 2005

1,25 million de personnes sont aujourd’hui tributaires du RMI (sans compter leurs ayant droits) : c’est une augmentation de 6,2 % pour la France métropolitaine.

Cette augmentation est principalement liée au nombre d’exclus du régime d’assurance chômage, qui ne peut qu’augmenter avec les mesures de contrôle des chômeurs et les radiations, ainsi qu’avec la nouvelle convention d’assurance chômage en cours de négociation.

L’accord Unedic, dont certaines déclarations syndicales montrent qu’il pourrait être signé dès demain, réduirait encore la durée d’indemnisation tout en imposant des formations obligatoires dans les métiers " en tension ".

Quant àl’augmentation du nombre de Rmistes, elle a lieu malgré les mesures de restriction pour les étrangers appliquées depuis 2003 (il faut bénéficier d’une carte de résident pour avoir droit au RMI, et celle-ci est attribuée, selon le bon vouloir des préfectures, au bout de 5 ans de présence avec un titre de séjour d’un an).

Elle a lieu bien que nombre de précaires, parce qu’ils ont un conjoint qui a des ressources, ne perçoivent absolument rien.

Le nombre de Rmistes explose malgré la mise en place des contrats aidés, qui sont pourtant de véritables aubaines pour les employeurs. Non seulement ceux-ci sont exonérés de charges sociales, mais les patrons touchent aussi le RMI de leur salarié. Et même plus : un Rmiste hébergé ou locataire (soit 90% des Rmistes) perçoit 374 euros. Les employeurs de CI-RMA ou de contrats d’avenir toucheront 425 euros (montant du RMI sans déduction du forfait logement).

Le nombre de Rmistes explose. Et pourtant, les conseils généraux, qui gèrent le RMI depuis 2004, ont généralement fait leur possible pour faire baisser le nombre d’allocataires : convocations massives, y compris en plein été, radiations, dispositifs de retour àl’emploi plus ou moins forcé ...

Tout ceci sera amplifié par le projet de loi de réforme des minima sociaux qui sera examiné en janvier par le Sénat, après avoir été approuvé àl’Assemblée Nationale. Ce projet de loi prévoit la mise en place d’un système de prime àl’emploi largement plus désavantageux que l’ancien cumul. Selon les cas, unE Rmiste reprenant une activité salariée perdra sur un an entre 1000 et 3000 euros par rapport au système actuel. Est également prévue la criminalisation des Rmistes avec amendes en cas de fraude mais aussi de "déclarations inexactes", ou encore un parcours d’insertion individualisé et obligatoire dès l’entrée dans le dispositif. Et cela vise non seulement les Rmistes, mais aussi les bénéficiaires de l’API (allocation parent isolé), qui sont en majorité des femmes seules avec des enfants de moins de 3 ans.

C’est dans l’esprit d’un retour àl’emploi àtout prix qu’un accord cadre a été signé il y a quelques jours entre l’Association des Départements de France et l’ANPE. Celle-ci pilote déjàles contrats d’avenir et les CAE (contrat d’accompagnement vers l’emploi).Cet accord permettra "le placement dans l’emploi des bénéficiaires du RMI", c’est àdire un suivi renforcé et des pressions pour que les Rmistes acceptent n’importe quel boulot.

Un retour àl’emploi ? Mais vers quels emplois ?

Outre le fait qu’il n’y a que 200 000 emplois (tous types de contrats confondus) non pourvus au maximum sur toute la France, la politique menée par des départements de droite comme de gauche montre bien qu’il s’agit d’emplois précaires, de courte durée, mal payés et pénibles dans la plupart des cas. Dans le Rhône, dirigé par l’UDF Mercier, des centaines de Rmistes ont été convoqués pendant l’été pour faire les vendanges. A Paris, où le socialiste Delanoë est Président du Conseil Général, l’insertion est largement sous-traitée (et subventionnée) aux associations, qui proposent du travail temporaire d’insertion ou CDD, par exemple pour rénover des HLM de l’OPAC.

Alors que les Rmistes ont des difficultés àse loger, àse soigner, àse déplacer, àpayer leurs factures d’électricité, àbien manger, l’insertion est en train de se réduire àla seule insertion professionnelle contrainte, puisque les formations choisies sont de plus en plus inaccessibles. La politique du gouvernement et des départements, c’est toujours moins de revenu, c’est toujours l’exclusion du RMI des jeunes de moins de 25 ans, des étudiants ou de ceux qui vivent en couple avec un revenu supérieur à520 euros. C’est moins de droits pour les précaires, avec une insertion sociale qui se rapproche de zéro.

AC ! se bat pour que les minima sociaux deviennent des droits personnels, pour que leur montant soit revalorisé au minimum au niveau du SMIC et pour la fin de leur interdiction aux jeunes et aux étrangers, pour l’accès inconditionnel de tous ànos besoins fondamentaux : logement, énergie, transports, culture, formation ...

La colère des précaires monte, elle s’exprime dans tout le pays. Réquisitions de richesses àLeclerc (Dijon) et àLenôtre (Paris) le 3 décembre, occupations àchaque date des négociations Unedic àParis et àToulouse, série d’interventions dans les ANPE et les forums pour l’emploi àRouen, prise àpartie du directeur de l’ANPE, Christian Charpy, àNantes et àParis : pas un jour sans que les précaires ne s’expriment !

Nos prochaines dates de mobilisation àParis

Mardi 13 décembre à13h , jour de négociations de l’assurance chômage , devant la CFDT métro Belleville

Mardi 20 décembre 13h devant la CFDT : RDV action contre la loi de réforme des minima sociaux qui passera au Sénat en janvier

le 12.12.05


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