Ciné : Ken Loach, ça fout les Boules et ça fait du bien !

lundi 28 octobre 2019
par  Alain Véronèse

Sorry, We missed You

Le topo du film est – semble-t-il au début – d’une ennuyeuse banalité : la vie quotidienne, les inévitables emmerdes, les récurrentes difficultés financières d’une famille de prolétaires ordinaires. Des anglais, de tendance Brexit ou pas Brexit ? Aucun indice dans le film.
J’ai bien sur ce point une idée, que je ne vous conterai pas...

Implacable et sournoise la démonstration de Ken Loach se déploie. Les ravages de l’ubérisation se font sensibles, visibles dans les anxiétés de la famille.
Lui est employé « free lance », livreur à domicile avec une fourgonnette acquise à crédit, privant l’épouse de son automobile vendue pour le 1er versement de l’engin de livraison . C’est en autobus qu’elle doit se rendre au domicile pour exercer avec humanité sa fonction d’auxiliaire de vie auprès de personnes âgées notamment.
Un GPS espion localise et chronomètre le livreur. Le statut relativement confortable du salariat, c’est de l’histoire ancienne, « l’indépendant » doit faire du chiffre ou périr. La Dame de Fer doit frétiller dans sa tombe, de l’État Providence il ne reste guère que des ruines.

L’air de rien - mais c’est du grand art - la caméra de Ken Loach est au plus près des protagonistes de la famille, les deux enfants, fille et garçon sont également acteurs du drame familial… je ne vous en dit pas plus : allez voir par vous même.
Ça énerve, ça émeut dans les profondeurs, ça fout les boules,… ouais, et ça fait du bien.
A la fin de la séance, un spectateur plutôt âgé à poussé une courte gueulante contre ces enc… de libéraux. Nature et pas poli, c’est à ça que l’on reconnaît le prolo.
Tirez-donc quelques euros de votre culturelle tirelire pour aller voir la toile.
A la sortie, vous aurez envie de bouffer du Macron. C’est bon signe. Bon appétit.