Sangatte,
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Quatre mois avant la date prévue, après un marchandage conclu entre les gouvernements français et anglais, Sangatte fermera ses portes le 30 décembre prochain. L’Europe des libertés qu’on nous avait promise est bien loin : visiblement on n’a pas besoin d’être d’accord sur l’€uro pour être d’accord sur les coups de matraques...
En France, la loi de sécurité quotidienne (LSQ), adoptée par la gauche plurielle en novembre 2001, commence à s’appliquer. Elle prévoit, entre autres, de condamner à 7 500 €uros d’amende et d’emprisonner pour six mois ceux qui n’ont pas les moyens d’acquérir leur billet de train.
Aujourd’hui, le projet de loi de sécurité intérieure veut criminaliser plus encore les sans revenu, les sans-papiers, les sans domicile, les personnes qui s’adonnent à la prostitution, les squatters, les teuffeurs etc. tendant ainsi à rendre permanente une véritable guerre sociale contre tous les précaires.
Cette logique sécuritaire atteint l’un de ses sommets aux alentours de Calais où sont déployés d’impressionnants effectifs policiers (3 500 CRS).
Depuis la fermeture du centre de Sangatte le 5 novembre, les brutalités policières contre les réfugiés se multiplient. La surveillance de leurs déplacements s’étend bien au-delà de Calais pour s’exercer sur l’ensemble des points de passage potentiels : gares d’arrivée des trains venant d’Italie comme Bercy ; gare de transit vers l’Angleterre comme la Gare du Nord, gares de Lille, Calais, Dunkerque, Caen etc.
Avec ces contrôles renforcés, on cherche à décourager, à disperser, et pour tout dire à rendre invisibles ces migrants. Leur errance vise à trouver en Angleterre des conditions d’accueil moins inacceptables qu’ailleurs : accès à un logement, à un revenu minimal, à la santé, à l’emploi. Autant de conditions mises en cause par la tendance à l’harmonisation vers le bas des politiques sociales et des garanties appliquées aux justiciables en Europe, en particulier en matière d’asile et d’immigration. L’état d’exception deviendrait ainsi une norme européenne...
Les sans-papiers exclus du centre de Sangatte ont occupé successivement deux gymnases puis une église. Ils ont, à la demande de la Mairie puis de la Préfecture, été expulsés par la police. Un « dispositif préfectoral à visage humain  » expédie chaque jour des sans-papiers aux six coins de l’hexagone dans des CADA (Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile) tandis que ceux qui n’acceptent pas cette « offre  » sont en permanence pourchassés. Aujourd’hui, entre existence précaire en France ou en Angleterre, disparition dans la clandestinité ou expulsion vers un pays en guerre, la loterie Blunkett-Sarkozy ne laisse aucune place aux choix et désirs des migrants.
Nous exigeons, à Calais comme ailleurs, que soient respectés les droits fondamentaux des migrants et de tous les précaires :
liberté de circulation et d’installation,
droit au logement, à la santé, au revenu,
régularisation de tous les sans-papiers par carte de dix ans, ouvrant droit à l’ensemble de la protection sociale commune
abrogation de la LSQ et retrait du projet Sarkozy (LSI) !
Dans le cadre de la journée coordonnée contre les lois sécuritaires, nous appelons à manifester le 15 décembre à Calais à 15 h devant la mairie .
- AC ! - Agir ensemble contre le Chômage - 42 rue d’Avron - 75020 Paris - tél. : 01.43.73.36.57 - fax : 01.43.73.00.03 - email.