Il fait froid dans ce monde
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En juillet dernier, à Strasbourg, le rassemblement international No border a mobilisé plusieurs milliers de personnes en faveur de la liberté de circulation et du droit à l’installation des étrangers. Cette action contestait la discrimination xénophobe, comme le récent dispositif de fichage du Système Informatisé Schengen (SIS).
Cette Europe, qu’on dit encore paresseusement « forteresse  », organise de fait, tant sur le plan géographique, par le refoulement des sans-papiers et leur éviction de l’espace public, que sur les marchés du travail fortement segmentés dont dépend la production de richesse, de nouvelles formes de contrôle de la mobilité des populations.
Depuis l’instauration de « l’état de guerre  » consécutif au 11 septembre 2002, l’ambiance sécuritaire n’a cessé d’être massivement diffusée tandis que, de gauche comme de droite, les gouvernements successifs choisissaient de multiplier les dispositions légales arbitraires (Loi de Sécurité Quotidienne, Loi de Sécurité Intérieure, projet de loi d’orientation et de programmation de la sécurité intérieure.) Comme avant elles le Pare et les contraintes qu’il fait peser sur les précaires, ces dispositions légales confortent la construction sociale de l’incertitude qui caractérise cette époque de précarisation. Comme naguère le plan Vichy Pirate, elles forment autant de précédents d’abord dérogatoires, exceptionnels ou expérimentaux qui restructurent fondamentalement les normes de fonctionnement de nos sociétés démocratiques. Les collectifs AC ! s’étaient donc associés à une initiative qui, comme tant d’autres luttes menées contre la précarisation, cherche à conquérir des garanties nouvelles aptes à renforcer capacités de résistance et création de libertés.
Pour le gouvernement nouvellement nommé, le rassemblement de Strasbourg a servi de laboratoire, qu’on en juge : interdiction totale de manifester maintenue durant plusieurs jours ; utilisation répétée de flash-balls contre les manifestants ; dizaines d’interpellations suivies de « mises en cause  » judiciaires ; incarcération d’Ahmed Méguini, condamné en comparution immédiate à 8 mois de prison dont 3 fermes, à l’isolement, sans droit de visite, aux demandes de mise en liberté systématiquement rejetées ; incarcération de 17 manifestants, le temps que le tribunal correctionnel se déclare incompétent sur les accusations de séquestration qui avaient suivi l’occupation de locaux du ministère de la justice revendiquant la mise en liberté d’Ahmed.
Après plus de 2 mois de détention, Ahmed passe de nouveau en jugement pour obtenir sa mise en liberté, alors que le Ministère de la Justice, qui a fait appel par l’intermédiaire du parquet, essaye d’aggraver sa peine.
Nous exigeons à nouveau la mise en liberté immédiate d’Ahmed Méguini ainsi que l’arrêt de toutes les poursuites contre les participants au rassemblement international No border.
Nous appelons au rassemblement du lundi 7 octobre à Paris à 18 h, place du Châtelet.
- AC ! - Agir ensemble contre le Chômage - 42 rue d’Avron - 75020 Paris - tél. : 01.43.73.36.57 - fax : 01.43.73.00.03 - email.