Assemblée Générale du précariat européen - compte rendu

par François d’AC ! Rhône
jeudi 28 octobre 2004
par  le réseau d’AC !

Cette première assemblée générale du précariat européen débute par la présentation du réseau national AC ! car des ennuis techniques (matériel vidéo) n’ont pas permis cette présentation dans le séminaire précédent (de 15 h à16 h) qui fut donc annulé ; un film de 15 min. est projeté relatant les diverses actions d’AC ! (réquisition de richesses, etc.). La nature même de l’événement (une très grande première), une assemblée d’un certain nombre de précaires venus de toute l’Europe dans le cadre du FSE « off  », interdisait naturellement toute organisation officielle de traduction, elle s’est donc effectuée sur le tas dans cet amphithéâtre plein àcraquer.

COMPTE RENDU FORUM SOCIAL EUROPEEN
LONDRES, 15 AU 17 OCTOBRE 2004
BEYOND ESF (AU-DELA DU FSE)

Assemblée Générale du précariat européen
Middlesex University - Perry Hall
Tottenham Campus
samedi 16 octobre / 16 h - 18 h

Introduction : Christelle B. (AC !)

Le premier intervenant [du nordik networks de Copenhague] explique que la précarité semble avoir atteint des degrés importants relativement tard dans les pays nordiques par rapport aux autres pays européens. De fait, la prise de conscience de ce mouvement de précarisation et de ses effets sont pour l’instant récents au Danemark ainsi que dans l’ensemble des pays nordiques. Le travail de l’an dernier a surtout consisté àl’analyse des réponses et des résistances des autres pays d’Europe àla précarité qui s’organisent différemment selon les aires [donc les formes] des États providence àl’intérieur de l’Union Européenne. Dans les pays nordiques, il y a encore de beaux restes de cet État-providence, et la précarité est surtout une « insécurité du travail  » [work insecurity]. La présence forte de l’État dans la régulation fait que le rôle de l’État dans cette précarisation du travail est très importante contrairement aux autres aires de l’État providence en Europe qui sont surtout marqués par les privatisations. La présence àce FSE, avec le travail déjàeffectué, reste pour l’instant d’observer les différentes formes de réalité et les différentes formes d’action face àcette réalité.

L’introductrice de l’assemblée reprend la parole pour pointer que le rôle de l’État n’est pas moins important dans notre aire d’État-Providence. Il suffit d’observer les dernières lois tel que le RMA en France qui organisent des contrats de plus en plus court (6 mois, même renouvelable). Il serait donc intéressant de mobiliser plus que d’observer ou d’analyser. L’exemple peut-être donné par la lutte des intermittents... Et rappel des fondamentaux d’AC ! : la lutte pour le revenu garanti, avec ou sans emploi.

L’intervenant suivant [italien, membre d’un réseau de lutte contre la précarité], appuie sur l’idée que cette assemblée générale devrait arriver àmatérialiser un événement pour concrétiser la prise de conscience de l’Euro-précarité. Les précaires sont les « invisibles  », et en Italie une petite réussite a eu lieu fédérant les alternatifs, les syndicats majoritaires et minoritaires. Il s’est constitué une sorte d’équipe qui apporte une assistance légale [legal assistance] sur la précarité (info, solutions, solidarité). Cette initiative tente de faire le lien entre les différentes problématiques concernant la précarité : immigration, logement, etc. Sur Internet un portail d’accès existe, « le portail des invisibles  » qui matérialise et fournit des informations ou des solutions relatives àla précarité. De cette initiative de petits groupes au nord de l’Italie qui peuvent s’auto-organiser et dans laquelle tout nouveau groupe voulant faire partie de ce réseau peu s’insérer, une initiative européenne doit voir le jour. La proposition d’un Euro may day [1er mai alternatif et de réappropriation du sens du 1er mai] est faite pour sortir de l’invisibilité désastreuse dans laquelle conduit la précarité. Si cet Euro may day a lieu, il est impératif qu’il lie la question des migrants et des clandestins.

Raoul [« intermittent du spectacle  » de la Coordination des Intermittents et Précaire d’ÃŽle-de-France qui comprend des membres d’AC !] insiste sur le travail des intermittents qui est dans la même aire culturelle que AC !. Il rappelle que suite àl’attaque contre le modèle d’indemnisation des professionnels du spectacle et de l’audiovisuel, la coordination a réfléchi àun nouveau modèle qui doit permettre d’indemniser tous les salariés àl’activité discontinue [ce qui est le cas d’aujourd’hui 80 % de la population active sur un mois : intérim, CDD, et souvent personnes en insertion]. Il faut effectivement un vrai rendez-vous européen contre précarité.

Un membre des Wombles [groupe de précaires et pour la plupart de chômeurs londoniens, squatters ayant permis au précariat français de dormir àmoindre frais dans un squat ouvert àl’occasion du FSE] rappelle que la résistance doit porter sur les travaux àbas salaire car les gens sont souvent isolés dans ce contexte. La précarité dépasse largement le cadre de làoù l’on vit (d’où l’occupation qui est une création d’espaces libres). Il propose, si une initiative émerge de cette première assemblée générale du précariat, de mettre en avant la demande de droit social.

L’intervenant suivant est Slovène, il rappelle que l’Euro may day de 2004 àMilan était vraiment réussi. En Slovénie, le jour des élections, tous les journalistes étaient en grève car une réforme de la convention collective de la profession devait être signée. La précarité et la baisse des droits sociaux est une réalité européenne, et cette réalité implique une initiative importante et visible sur toute l’Europe le même jour pour rendre visible le précariat.

Un Wombles reprend la parole pour dire que les Wombles est un réseau qui a émergé àla fin des années 90 et est devenu très important. La plupart étaient « issus de la réforme de la job seeker allowance [assurance-chômage] qui a été coupée  » (ainsi que des luttes des dockers de Liverpool et du personnel de nettoyage des hôpitaux). L’idée de l’Euro may day si elle est bonne doit aussi être liée àl’actualité du moment, par exemple en Écosse le G 8 va se réunir, il y a peut-être aussi d’autres cibles possibles. L’Écosse étant très pauvre des réseaux identiques aux Wombles existent et doivent être prêts àune action.

Évelyne Perrin [AC ! et réseau Stop-précarité] présent une manière aussi d’avancer, de faire des choses concrètes. À Paris, des cours gratuits de droits du travail ont été mis en place pour que les précaires puissent se défendre et avoir des connaissances pratiques sur les normes légales relatives au travail. Cette initiative pourrait se généraliser, « s’européaniser  ».

Nouvelle intervention du membre du réseau italien de lutte contre la précarité. Synthèse de ce premier pas que représente cette première assemblée générale de l’Euro-précariat, mais il faut aussi avoir une réflexion sur la situation de la précarité en Europe sans faire un catalogue de ce que chacun fait dans son coin dans son pays. Il est important de penser l’année qui vient de s’écouler (référence FSE 2003, 1 million de personnes pendant la manifestation contre la guerre en Irak qui a pourtant eu lieu, toutes les coupe sur les retraites ou les systèmes de santé qui ont eu lieu entre 2003 et 2004). Il est difficile de saisir le lien entre les espaces autonomes et le FSE. La ligne de mire est de comprendre pour produire un langage commun, produire une nouvelle image. Il faut de l’imagination pour entamer un nouveau combat. En Italie, les combats sont moléculaires (TV news [télévision locale envahie par des précaires pour cause d’information malhonnête], travailleurs migrants, etc...). Toutes ces formes différentes de précarité sont àanalyser et toutes les résistances sont àsynthétiser. « Faire un Euro may day au même endroit semble difficile même s’il faut former un processus européen. Il faudrait choisir un nom pour notre réseau, comment est-ce possible de faire un nouveau modèle social : la précarité est une condition, une forme de vie... ? Tous ces éléments sont àutiliser  ».

L’intervenant suivant est Hollandais et donne quelques information sur son pays : le gouvernement et les syndicats. Ces deux acteurs n’ont plus aucun pouvoir, les syndicats sont obligés de négocier, notamment au niveau des retraites. Puis l’intervenant évoque le magazine de son réseau, le magazine s’appelle « greenflex  ».

L’intervenant suivant est du Monténégro et donne lui aussi quelques renseignements sur son pays. À la suite des privatisations, il y a eu des pertes d’emplois énormes. Les jeunes sont les premiers touchés et 90 % des jeunes travaillent clandestinement au noir ou sont au chômage. « Si vous êtes jeunes, vous n’avez aucune chance d’avoir un vrai travail  ».

L’intervenant qui prend la parole n’est pas Européen puisque sa nationalité est mexicaine. Il est depuis un an en Europe et a traversé 3 pays. « Votre welfare system [système de protection sociale] est en déclin, en crise  ». Il semble qu’on ne voit pas clairement les choses au moment des élections. Les élections fonctionnent sur des principes et des sentiments et pas des programmes où la précarité est un thème. Au Canada seul 40 % des gens votent, ceci signifie que ce système d’élection est vide. C’est en parallèle des coupes du welfare system, et c’est la même chose en Allemagne, etc. Ce système ne fonctionne pas proprement.

L’intervenant suivant est Anglais. Il propose de faire une journée d’action pour l’Euro may day sur le type des actions anti-Mac Do - des sabotages. On peut utiliser ce jour pour de telles actions.

L’assemblée générale a produit un texte en commun, co-construit avec tous les individus présents lors de cette première assemblée générale de l’Euro-précariat, qui vaut ce qu’il vaut mais qui a au moins le mérite d’exister. Et marque bien la naissance de quelque chose.

- texte commun : « déclaration du précariat européen  » (version française).
- common text : « Middlesex declaration of Europe’s Precariat  » (english version).

- le web des Wombles...


Documents joints

Document intégral avec la déclaration commune (...)
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