Appel pour la titularisation des CES et autres...
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Lors des assises de AC ! le 9 et 10 octobre 2004, nous avions présenté ce projet d’action.
Il s’agit d’un nouvel appel précédé d’un courrier et de l’appel précédent que nous adressons aux établissements publics, aux syndicalistes, aux associations etc.
Appel à diffuser sans modération !
Montpellier, le 4 novembre 2004.
Madame, Monsieur,
A l’occasion de la suppression des « Contrats Emploi Solidarité  », qui succède à la suppression des « emplois jeunes  », nous avons entendu des responsables associatifs et des syndicalistes réclamer le maintien des « C.E.S.  ».
Ce discours nous paraît tout à fait anormal car il reflète une attitude égoïste acceptant que le même travail soit effectué par des gens aux salaires et aux statuts différents. Il y aurait-il, dans les mêmes institutions, des gens « bien nés  » ayant droit à un emploi stable et
correctement payé et d’autres « d’essence inférieure  » devant se contenter d’un emploi précaire et sous payé ?
Il nous semble évident que la seule revendication sensée est d’exiger la titularisation du personnel précaire.
Certes, certains syndicalistes ont mené des batailles locales contre la précarité. Mais globalement le combat syndical de ces dernières années se limitait souvent à un combat corporatiste. Les directions d’établissement
« offrant  » parfois des « CES  » aux titulaires ayant trop de travail plutôt que de demander un poste budgétaire.
Il nous semble particulièrement urgent de changer de logique avant la disparition du service public et de tout les titulaires. Nous vous rappelons que dans les pays anglo-saxons, appliquant l’A.G.C.S [1] avant l’heure, un
agent de la fonction publique est embauché sur un poste local, pour le temps que dure sa mission et licencié ensuite.
Voici ce qui motive nos appels successifs. Nous aimerions connaître votre point de vue sur les positions que nous défendons depuis toujours et les actions que vous prévoyez.
Nous espérons que nos idées feront leur chemin chez les agents de la fonction publique et pour cela nous vous demandons de bien vouloir afficher nos appels sur vos panneaux syndicaux et de les diffuser dans vos
structures.
Merci et militantes salutations.
AC ! Montpellier.
Le 22 mai 2003 AC ! Montpellier, à l’occasion du mouvement social, lançait cet appel :
Notre association de précaires et de chômeurs lance un appel pressant à toutes et à tous dans la fonction publique. Dans les revendications pour lesquelles nous sommes tous ici, il en est une d’importance que tout le
monde oublie. Dans la fonction publique pullulent les emplois précaires sous payés dans l’indifférence générale depuis des années. Il s’agit des emplois aidés : CES, CEC, Emplois jeunes et bientôt RMA. Qui n’a jamais demandé une
grève dure pour eux ?
Ces employés reçoivent un salaire ridicule mais coà »tent néanmoins très cher aux contribuables. En effet chaque contrat est géré par une multitude d’organisme : ANPE, DDTEFP, MLI, CLI, employeur, Etat... Plus le tuteur puisque
désormais les employés précaires sont soumis à la tutelle comme des incapables majeurs alors que pour les embaucher on leurs demande d’être qualifiés, efficaces et autonomes.
Sans les employés précaires bien des institutions ne peuvent fonctionner. La précarité c’est presque tout le travail d’entretien, une partie du secrétariat, le travail éducatif hors cours, la surveillance, parfois la gestion des embauches...etc. Les précaires donnent satisfaction partout mais ne sont jamais embauchés définitivement et statutairement : ils sont virés au bout de six mois à trois ans et sont remplacés par d’autres afin que jamais ils ne puissent tisser des liens avec le personnel titulaire.
L’intérêt des contrats précaires pour les néo libéraux de droite comme de gauche est majeur : il s’agit de conditionner à la précarité, d’introduire la
précarité la où elle n’existait pas, de réduire artificiellement le nombre officiel des demandeurs d’emploi, de peser sur les salaires et sur les
statuts. Les titulaires qui tolèrent cette situation ignoble à leurs cotés depuis des années scient vaillamment de cette façon la branche sur laquelle ils sont assis et préparent eux même leur privatisation. Le RMA qui se
prépare est la généralisation de ce système : le contrat remplace le droit.
Assez de ce scandale humain et économique. La base, les syndicalistes, les directions syndicales doivent exiger la titularisation de tous les précaires. Leur galère passée et leur compétence démontrée par leur travail seront leur concours d’entrée.
Pour les retraites, même problème, comment en tant que précaire avoir 37,5 annuités et comment percevoir une allocation correcte lorsque l’on gagne si peu.
N’oubliez pas, sinon vous commettez l’acte grave de maintenir la précarité à haut niveau (au moins dix millions de personnes en CDD en France) et de favoriser votre privatisation.
N’oubliez pas, ne suivez pas les traîtres qui pactisent avec le MÉDEF depuis l’invention de « l’activation des dépenses passives  » par une soit disante syndicaliste récompensée par un haut poste. Ne succombez pas au discours des sirènes de l’insertion qui présentent les chômeurs comme des inadaptés sociaux et des incapables. N’écoutez pas les commerçants de la souffrance, véritable proxénètes du social qui sévissent dans les boites d’insertion.
Tous ensemble, oui, à condition de ne pas oublier celles et ceux que l’on ose appeler exclus ou assistés, alors qu’ils ne sont que les victimes d’un système financier.
Ça, c’était en mai 2003.
Et maintenant ?
Maintenant, que les contrats CES, CEC, et autres « emplois jeunes  » ne sont plus renouvelés, La majorité des titulaires découvrent toute l’utilité de ces gens en contrats précaires. Ils sont indispensables à la marche des
établissements.
Les précaires en CES et en CEC sont présents en masse depuis 1992, ils tienn ent dans leurs mains l’infrastructure des établissements scolaires et des
hôpitaux en particulier. Sans eux tout s’écroule. Comment se fait-il que, publiquement, ce soit maintenant que l’on découvre leurs fonctions et leurs qualifications.
En somme il faut disparaître pour exister dans l’esprit des gens.
Les larbins qui pour le quart d’un salaire normal (salaire d’un CES = 530 €uros, pas de quoi assurer les besoins essentiels) assuraient grâce à leurs compétences, à tous les niveaux et avec une charge de travail complète, le
bon fonctionnement de leurs établissements, n’existaient pas au yeux des titulaires.
Peu d’actions efficaces ont été menées par les titulaires pour l’intégration statutaire des précaires de la fonction publique.
Pourtant au bout de six mois, un an, voire trois ans, la démonstration de leur capacité à tenir les postes et le caractère pérenne de ceux-ci est effectuée (mieux que par un concours) !
Il ne s’agit pas aujourd’hui de réclamer le maintien des C.E.S. mais leur titularisation.
Il est plus que temps de regarder le problème d’efficacité de la fonction publique de manière globale et non en terme d’indices, de points ou de plans de carrières.
Le corporatisme syndical qui ne se préoccupe que de défendre les minorités titulaires sert le MÉDEF et son plan de casse de l’éducation nationale et de la santé. Ne soyez pas complices et acteurs de votre propre précarisation.
Cette précarisation généralisée est pour demain : l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les commissaires européens « s’occupent  » de vous en mettant en route l’Accord Général sur le Commerce et les Services (AGCS).
Vous vivrez bientôt vous même ce que vous n’avez pas voulu voir et comprendre chez vos collègues précaires !
Et les enfants d’enseignants que feront-ils avec leurs beaux diplômes ? RMAstes ?
Bref, vous aurez notre soutien quand vous aurez intégré les mots égalité et titularisation dans vos revendications et sans le conditionnel S.V.P. !
AC ! Montpellier.
[1] Accord Général sur le Commerce et les Services.