Jugement de l’affaire opposant le journal des précaires CQFD àla Croix Rouge

samedi 15 janvier 2005
par  le réseau d’AC !

AU SECOURS, LA CROIX-ROUGE !
(CONTRE MAUVAISE FORTUNE, ENCORE ET TOUJOURS DU COEUR AU VENTRE)

Le jugement est tombé le 11 janvier. Suite àla plainte en diffamation déposée [1] contre CQFD par la Croix-Rouge française et son ex-président, Marc Gentilini (parti en décembre, juste avant le tsunami, et qui doit se mordre
les doigts en voyant son successeur lui voler la vedette sur tous les écrans du grand charity-show actuel), la 17e chambre correctionnelle de Paris nous a condamnés à500 €uros d’amende et à1 €uro symbolique de dommages et
intérêts, pour Gentilini seulement, pas pour la roix-Rouge.

S’y ajoutent 1 000 €uros au titre des frais de justice. Au total, 1501 €uros àraquer...

Pour un canard oisif et chômant comme le nôtre, l’addition n’est pas bénigne et nous lançons, sans fausse honte, un appel àétrennes ànos lecteurs. Mais au vu des fortunes que réclamaient les humanitaires gourmands (65 000 €uros
au total), c’est une belle victoire. Un coup de rouge pour Me Emmanuel Nicolino, notre vigoureux avocat ! Déboutée, la Croix-Rouge ! Le prix d’un SMS pour Gentilini !

Bien que fort occupée àfaire le bien en Asie du Sud-Est et ailleurs, la CRF n’a jamais faibli dans ses ardeurs judiciaires. Et ceci malgré l’arrivée de l’excellent Jean-François Mattéi àla présidence de l’honorable institution (comment oublier le ravissant polo Lacoste de J.-F. lorsque, durant la canicule de l’été 2003, il déclara en substance depuis son lieu de villégiature sur la Côte d¹Azur : « Pour l’instant, tout va bien !  »).

Il faut dire que la vénérable société, sainte patronne des arbitres et pompier n° 1 des conflits planétaires, dispose non seulement d’un service de presse incroyablement attentif et chatouilleux, mais aussi d’un pool d’avocats plutôt teigneux, et pas du tout bénévoles, eux. Le cabinet Stasi, qui s’est illustré récemment en défendant les « copains  » de la Direction des Constructions Navales de Toulon (malversations diverses et prêt illégal de main-d’Å“uvre dans les bas-côtés de la Défense Nationale) a démontré àcette occasion qu’il peut aussi embrasser de nobles causes : il s’était chargé d¹étriller proprement notre dangereux « journal de voyous  » devant les juges. Une performance qu¹il estimait valoir 5 000 €uros.

Alors, d’après le principe selon lequel on a les ennemis qu’on mérite, on pourrait se demander ce que fait le mensuel au clébard furieux dans les petits papiers de ces bons samaritains ? La réponse tient peut-être au fait
que l’acte charitable a besoin d¹une complète passivité des assistés pour pouvoir garder commodément la pose. Et nous, bien qu’un peu efflanqués, nous n’arrêtons pas de remuer et de montrer les dents. Ni puissants, ni larmoyants, nous ne sommes pas photogéniques.

Pour mieux comprendre les fondements d’un tel acharnement humanitaire (la CRF nous menace d’un autre procès), écoutons un peu le sieur Michel Brochier, homme d’affaires, conseiller d’arrondissement sur la liste de Charles Millon et président de la Croix-Rouge de Lyon, qui expose dans le
magazine Acteurs de l’économie ses conceptions sociales et les raisons de sa participation àun club très sélect de notables locaux, le Cercle de l’Union : « Ici, pas ou peu de femmes, pas de teintes hétérogènes, pas de pauvres, pas de politique. [...] On y trouve des gens du même milieu :
éducation, fortune, relations, critères de sélection qui font que l’on en est, ou espère en être, ou pas. [...] Eh oui, c’est mon milieu.  » (citation dénichée par le Canard Enchaîné du 05/01/05).

Comme quoi, la bonne vieille école des dames patronnesses n’a pas encore dit son dernier mot. Sa philosophie est parfaitement synthétisée dans le laïus ci-dessus, mais aussi dans les actes récents auxquels la CRF sert de
locomotive : ceux, par exemple, qui voudraient faire oublier àgrands coups de « communication  » que les six milliards de « l’extraordinaire élan de générosité  » occidentale pour les victimes des tsunamis asiatiques sont une somme six fois inférieure àla dette extérieure payée chaque année par les onze pays concernés. Saignée financière contre laquelle aucune huile médiatique de la Croix-Rouge n’a cru bon de se mobiliser jusqu’àce jour. On
aiderait donc les pays sinistrés àrelever la tête simplement pour qu’ils puissent continuer àhonorer leur dette. Les mauvais esprits vont encore dire que la charité est une des conditions nécessaires àla perpétuation de
l’injustice. À partir de là, il est somme toute dans l’ordre des choses qu’on s’efforce de faire valdinguer CQFD, ce « journal voyou  », du côté des sinistrés plutôt que de celui de tels bienfaiteurs.

Publié dans CQFD n° 19, 15 janvier 2005.


[1Voir les articles précédents publiés sur ce site (et sans doute ailleurs...) : articles n° 822, , n° 786 et n° 250.


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