Chronique : « Travaille et tais-toi ! Silence on casse...  »
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I - Les faits
Eric salarié dans une entreprise de la CAPF [1] travaille durement depuis 9 ans. Son travail est très pénible et même dangereux (il y a fréquemment des accidents du travail dans son entreprise). Il y a cinq ans il a été contraint d’accepter un transfert de la région parisienne vers Flers. D’autres salariés de son entreprise ont également dus accepter ce transfert mais comme ils bénéficiaient de CDI [2] ils ont bénéficié à cette occasion des avantages financiers prévus par les Conventions Collectives. Le seul avantage concédé à Eric a été la transformation de son CDD [3] de 4 ans en un CDI (cela n’a pas coà »té cher à son entreprise et cela lui a fait « une belle jambe  » ... un CDI c’est « pratique  » pour déménager sa famille et se reconstruire une nouvelle vie !).
Un déménagement, surtout lorsqu’il est subi sans accompagnement financier et psychologique est souvent traumatisant. La situation matérielle et psychologique d’Eric s’est dégradée. Sa situation familiale en a souffert et ces difficultés ont entraîné un divorce. Eric n’a pas perdu qu’une compagne, la garde de son fils de 7 ans a été accordée à son ex femme qui est finalement restée en région parisienne.
Jusqu’à ces derniers jours Eric était locataire d’un F3 des HLM de l’Orne. Malheureusement avec les frais du divorce et la pension alimentaire pour son fils Eric n’a pas réussi à faire face à l’ensemble de ses charges. Les défauts de paiement sur son loyer ont conduit à une procédure d’expulsion et à un arrêté d’expulsion en date du 24 juin 2003. Cette mesure autoritaire et brutale ne semblait pas s’imposer dans le cas d’un travailleur qui ne demandait qu’un peu d’aide pour gérer une situation personnelle difficile.
Même mal venu l’arrêté d’expulsion pouvait être appliqué avec discrimination. Interdire temporairement à Eric l’accès de son appartement laissé en état avec tout son mobilier Âcomme cela se pratique fréquemment  aurait permis de négocier une solution acceptable pour l’ensemble des parties  en incluant les personnes qui aident et soutiennent Eric. Malheureusement on a manifestement préféré utiliser cet arrêté d’expulsion pour MANIPULER Eric et lui faire accepter dans l’urgence une solution inadaptée. L’office d’HLM a fait pression sur Eric pour lui faire admettre SUR LE CHAMP son relogement dans un studio qui s’avère totalement inadapté à ses besoins. Relogement inadéquat qui l’a contraint à brader dans des conditions tout à fait inacceptables une partie importante de son mobilier. Cette manipulation indigne a donc entraîné une véritable SPOLIATION et constitue un abus de pouvoir.
II -Â Les interrogations
Que faire pour que l’enfant d’Eric ne soit pas réduit pour lui au versement d’une Pension Alimentaire. Il est difficile de maintenir le contact avec un jeune enfant qui habite à plus de 200 km surtout quand on n’a pas de voiture et peu de ressources. Une brève visite c’est un Aller-Retour Flers Paris (plus de 50 euros). Pour concrétiser son droit de visite c’est 2 AR pour lui + 1 AR pour son fils (150 euros plus les à côtés). Surtout, cela suppose d’avoir un logement décent où l’on puisse accueillir dignement son enfant. C’était possible tant qu’Eric était locataire de son F3 mais ce n’est plus du tout le cas maintenant.
Qu’Eric ait été contraint d’accepter un tout petit studio où il n’est pas possible d’héberger correctement et dignement son enfant n’est pas le problème de M. Granlin. Que l’impossibilité de mettre une partie importante de son mobilier dans un nouveau logement inadapté ait entraîné une spoliation d’Eric, M. Granlin et les autres acteurs officiels de ce drame s’en lavent les mains.
Un travailleur pauvre qui ne parvient pas à gérer de manière autonome ses finances n’a que le droit de se taire ! Il devrait remercier, humblement, les autorités qui ont daigné lui trouver un toit même inadapté à ses besoins. Tant pis pour lui s’il ne peut plus recevoir son fils et s’il ne dispose plus d’assez d’espace chez lui pour recevoir ses copains militants : la seule consolation qui lui reste dans une vie solitaire
Qui paiera les pots cassés si tout cela fini par faire craquer Eric ? Le coà »t pour la société ne sera-t-il pas beaucoup plus élevé s’il n’a plus l’énergie de travailler ? Ce coà »t ne deviendrait-il pas encore plus considérable si son état dépressif s’aggravait et qu’il doive être hospitalisé ? Et qui serait moralement responsable d’homicide par « irresponsabilité  » au cas où une crise dépressive engendrerait un comportement suicidaire ?
III - A qui la faute ?
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- 1/ Les services sociaux locaux qui sont depuis longtemps au courant des difficultés d’Eric semblent totalement inefficaces. Ils se sont avérés incapables de proposer des solutions alternatives et d’encadrer leur mise en application.
- 2/ L’Office des HLM de l’Orne et son Président M. Granlin. Un organisme qui a pour mission de permettre le logement des plus vulnérables ne devrait recourir à des mesures d’expulsion que dans des cas exceptionnels. Qu’on utilise abusivement un arrêté d’expulsion pour imposer sous la pression une solutions inadaptée et inacceptable à un individu fragile et vulnérable est ABSOLUMENT INADMISSIBLE.
- 3/ La Commission Municipale qui possède un droit de regard suspensif sur ce type de décision. A quoi sert-elle si elle n’exerce pas ses prérogatives dans un cas comme celui-ci où la décision abusive d’un organisme officiel ne respecte ni la dignité des personnes ni les intérêts bien compris de la collectivité.
- 4/ Les autorités préfectorales. Tout arrêté d’expulsion doit être signé par les autorités préfectorales. Un sous-préfet qui signe un arrêté d’expulsion sans faire procéder à un examen du dossier n’assume pas pleinement ses responsabilités.
- 5/ Deux Conseillers Généraux de Flers qui étaient parfaitement au courant du problème, discuté à chaque Assemblée Générale d’AC ! où Eric évoque le problème, n’ont rien fait pour le résoudre.
AC ! Agir ensemble contre le chômage - Allée des fleurs les capucines n° 2 - Tél. : 02.33.65.35.92 - 61100 Flers
Compte tenu de l’inaction prolongée des différents responsables malgré les avertissements répétés d’AC ! des dispositions humaines s’imposent dans l’urgence. AC ! propose une résolution réparatrice de cette situation sur les bases suivantes :
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- 1/ Relogement correct d’Eric dans un logement de type F2 qui lui permette d’héberger son enfant dans des conditions dignes et lui donne les moyens d’une vie sociale acceptable.
- 2/ Renégociation de l’étalement des dettes.
- 3/ Mise en place d’un accompagnement psychologique humain et efficace.
- 4/ Restitution ou remplacement du mobilier que l’exécution hâtive de l’arrêté d’expulsion  en parfaite violation d’un accord préalable  a contraint Eric à brader dans l’urgence à des conditions tout à fait inacceptables.
- 5/ Que la totalité des frais soient pris en charge par les divers organismes responsables de ce fiasco.
[1] Communauté d’Agglomérations du Pays de Flers
[2] Contrats à Durée Indéterminée
[3] Contrat à Durée Déterminée