Bonne année
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Le rituel social nous oblige chaque fin d’année à souhaiter aux siens d’abord et à la société toute entière de joyeuses fêtes et un avenir meilleur. Il est vrai que pour beaucoup d’entre nous, militants associatifs, nous souhaitons ardemment que quelque chose change dans ce monde où nous cherchons en vain justice et égalité. Nous devrions tous réfléchir sur notre propre hypocrisie lorsqu’on accepte, passivement, de voir souffrir tant de personnes dans ce monde déréglé et fou.
En cette fin d’année, ne voyons-nous pas cet éternel recommencement ? L’appel au don de chacun de nous pour telle ou telle cause relayé par les mass-media : catastrophes naturelles comme le tsunami de l’an dernier et toutes les causes nationales comme Téléthon, Restos du coeur, Secours Catholique, Secours Populaire, Epicerie Sociale ... Il ne s’agit pas de dénigrer cette solidarité indispensable à la vie en société mais s’il peut être normal de réagir de façon ponctuelle à un événement extraordinaire, la survie quotidienne de milliers de nos concitoyens ne devrait pas dépendre d’actes de charité individuelle. Une nation qui est au quatrième ou cinquième rang de la richesse mondiale a largement les moyens d’assurer que l’ensemble de sa population ait un logement décent, une nourriture correcte, une couverture médicale et l’accès aux services de base comme l’eau et l’électricité. C’est une question de volonté politique et de répartition un peu plus équitable des richesses par l’impôt.
En cette période d’enrichissement phénoménal et obscène d’une minorité, ce sont les associations caritatives qui rendent à peu près supportable une situation fondamentalement intolérable. Si d’un jour à l’autre ces associations disparaissaient ou cessaient leurs activités, nous verrions probablement des soulèvements incontrôlables ... bien pire que la révolte sociale des jeunes de banlieue qui a tant défrayé la chronique ces derniers mois et qui a été exploitée de façon éhontée pour provoquer la peur et attiser le racisme. Si l’aide actuelle est strictement indispensable à la simple survie de certains, cette situation découle de l’incompétence, de l’hypocrisie et parfois de la corruption de nos responsables politiques et financiers qui du fait de leur " élection " ou de leur " statut " imaginent avoir tous les droits et aucune obligation alors que leurs hautes responsabilités devraient leur imposer le devoir d’être des modèles.
Loin de donner l’exemple, plus ils sont parvenus à un haut niveau, plus ils cumulent de fonctions rémunératrices et sources de privilèges : Ministres, Députés, Présidents de Conseils Régionaux ou Généraux, Maires, etc. Alors qu’ils font de somptueux cadeaux aux riches, ils ont le toupet de demander encore plus d’efforts et de sacrifices à ceux qui doivent employer toute leur énergie pour survivre : que les travailleurs pauvres et même les chômeurs qui vont de galère en galère se montrent généreux et mettent encore la main à la poche pour aider ceux qui sont encore plus démunis. Vous devriez donner l’exemple, messieurs les bons apôtres, nous recommencerons à vous témoignez du respect lorsque vous renoncerez à certains de vos privilèges abusifs et oserez contrarier vos " maîtres " (nous ne parlons pas de vos électeurs) en leur imposant un minimum de solidarité auquel ils essaient d’échapper par tous les moyens.
Restons optimistes et souhaitons que de nouvelles générations d’hommes politiques émergent d’un processus démocratique renouvelé. Toutefois comme le disait fort bien notre fabuliste du 17ème siècle, le Sire Jean de la Fontaine : " Aide-toi, le ciel t’aidera ", cela n’arrivera que si le " Peuple Souverain" se réveille du sommeil hypnotique où l’ont plongé les médias, la pub et autres attrape-nigauds de la société de consommation. Bonne année à tous, malgré tout, et bon courage à ceux qui sont déjà en lutte et à tous ceux qui prendront cette année la résolution de les rejoindre pour que quelque chose commence enfin à changer dans le bon sens.
J. Dival