Quand, de monsieur Le Maire, pourrons-nous secouer les puces ?

dimanche 26 novembre 2023
par  Paris Sud

Insatisfait des derniers accords de l’Unédic relatifs au montant et à la durée du versement des allocations accordés avec libérale parcimonie aux demandeurs d’emplois, monsieur Bruno Le Maire entend faire entendre sa voix, les accords sont perfectibles, a-t-il déclaré.

Il serait donc absurde et illogique, selon le ministre, de verser pour une durée trop longue des allocations aux demandeurs d’emplois de plus de 55 ans. De fait, une préretraite bien avant l’heure (64 ans), s’inquiéte-t-il.

Alors qu’une trop grande partie de la population se paupérise, malgré une comptabilité truquée le chômage reste élevé, pourquoi contraindre les demandeurs âgés à postuler en concurrence avec les plus jeunes ? La concurrence exacerbée, c’est le Graal du libéralisme.

Les libéraux, ça ose tout. C’est à ça qu’on les reconnait.

Monsieur Le Maire qui cumule les titres et fonctions : Ministre de l’Économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique… excusez du peu. Malgré cumuls des titres et fonctions le ministre trouve le temps d’écrire des romans. Un grand, gros travailleur, il veut donc mettre tout le monde au travail, les vieux avec les jeunes.

Il faut se secouer les puces ! A-t-il déclamé récemment. Enthousiaste, audacieux, il poursuit sur un ton conquérant faire preuve « d’une détermination totale pour parvenir à ces 5 % de taux de chômage que nous n’avons pas atteint depuis un demi-siècle. »

Il s’agit de créer de fort nombreux emplois avant la fin du quinquennat, des desiderata de Macron, Le Maire est pointilleux exécutant.

En maniant soigneusement les chiffres de la catégorie A et, avec discernement, amplifier le nombre des radiations, l’on pourra peut-être s’approcher d’un plein emploi fort théorique. Les 5 % frictionnels, d’ajustement temporaire sont le négligeable reliquat du plein emploi réellement affiché. C’est dans la « science » économique, donc incontestable.


Extension du domaine de la domesticité salariale

Dans le segment supérieur du salariat des recrutements ont effectivement lieu. Malgré la crise, les (très) hauts salaires sont croissants. Dans la technique de pointe (high tech en franglais), les manieurs d’algorithmes, les roboticiens habiles, dans le secteur des distractions, les artistes et créatifs branchés dopés à l’intelligence artificielle (IA), sur cette étroite frange des emplois, il y a de l’embauche. Logique : le capital ne peut régner seul, il lui faut récompenser les collaborateurs...

Nonobstant, l’énorme majorité des salariés s’agitent et produisent à la périphérie de la Silicon Valley et de ses incarnations hexagonales.

Les gains de productivité croissants générés par l’IA et la robotique proliférante dans les entreprises insérées dans le marché mondial (la globalisation heureuse), sont principalement captés et accumulés pour grossir les dividendes des actionnaires.

Pour les petites gens restent les petits boulots précaires dont les conditions de travail renvoient à la condition des prolétaires du 19ième siècle.

Les grands bourgeois ont de pléthorique domesticité en leurs spacieuses demeures. Ce n’est pas Madame, moins encore Monsieur Le Maire qui secoue les puces du plumard conjugal.

Les « petits riches », ne pouvant loger la bonne sous les combles et le majordome stylé n’est pas (pas encore ?) dans leurs moyens, se font livrer pizzas et plats cuisinés par des livreurs sur deux roues qui ont souvent le statut d’entrepreneur indépendant. Pour certains le salariat est une conquête pour laquelle il a fallu durement batailler.

Effectivement, cette extension du domaine de la domesticité salariale, peut (est déjà) un gisement d’emplois.

Il suffit de traverser la rue, pour faire le ménage, le jardinage et la vaisselle d’un compatissant bourgeois qui, des impôts pourra déduire une bonne partie de sa générosité intéressée.

Le ruissellement des libéraux défie les lois de la pesanteur

La seule façon de créer un maximum d’emplois, c’est vouloir un maximum d’inégalités.

Le trickle down, une formule empruntée à la reaganomic est en situation concrète un défi aux lois de la pesanteur. Les profits montent, c’est le haut qui accumule l’argent.

Accumulations et thésaurisations s’envolent vers des sommets, à flots continus, ce n’est pas un ruissellement, c’est une marée montante.

Porté, par la vague libérale, monsieur Le Maire, en paupérisant les demandeurs d’emploi de plus de 55 ans qui, (oh pernicieuse générosité !) « Bénéficiaient » de 27 mois d’allocations (oui, vingt-sept !), les seniors seront mis au diapason des juniors : 18 mois d’assistance, sous réserve d’être éligible à l’Unédic.

Nous avons souvenir des slogans attribués aux manifs de droite : « Des domestiques, pas d’Assédics ! » Monsieur Le Maire était-il en tête de cortège ?

Les effets de la dictature économique qui nous gouverne et nous berne depuis Maastricht : « une économie de marché libre et non entravée » trouvent, sous la houlette sévère de monsieur Le Maire, leur actualisation presque parfaite. Les pas dégourdis qui ne savent secouer les puces ont devant eux un avenir bien sombre. Sauf, si nous nous donnons les moyens de secouer les puces de monsieur Le Maire.

Le chant du cygne du libéralisme ?

Les mouvements profonds, quasi telluriques de l’économie nous mènent à proximité d’une radicale disruption économique. C’est aujourd’hui incontestable, à l’échelle mondiale, la réduction de la main d’œuvre ouvrière est observable dans tous les secteurs. La production tendanciellement croissante se fait davantage avec des machines, une robotique dopée à l’intelligence artificielle.

Les gains de productivité ne doivent plus être accaparés pour la croissance des dividendes. Une réduction du temps de travail s’impose tant à l’échelle de la semaine, du mois et de la vie.

La valeur travail a du plomb dans l’aile. Il nous faut garder et défendre le loisir d’imaginer un avenir où le temps libre ne serait plus un simple à-côté, mais au contraire, le cœur de la vie.

Ce qui suppose une radicale réorientation des gains de productivité que l’IA et la robotique productive génèrent.

Il ne s’agit tant de se secouer les puces que de s’agiter les neurones. Le basculement n’est pas impossible, monsieur Le Maire, les sycophantes du libéralisme et les sbires défenseurs de la valeur travail, le pressentent et le craignent. Le danger n’est pas mince. Les élucubrations du ministre sont peut-être le chant du cygne d’un libéralisme menacé en ses fondements même.

AC ! Paris sud.


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